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Channel: JEAN-PIERRE HUMBERT - PEINTRE ET GRAVEUR -
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Coup de foudre

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Texte de Bernard Bertherin, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

L’artiste confie la plume à l’ami et lui propose de composer un texte inspiré par l’estampe Coup de foudre. L’ami d’abord surpris, car n’étant pas homme de lettre et ne maîtrisant pas du tout l’art, accepte de le faire avec le cœur.

Avec cette œuvre, l’artiste met en scène l’humain au pluriel. Approchez-vous et regardez avec quelle magie les êtres représentés défient l’équilibre parfois fragile dans lequel ils doivent vivre. La couleur choisie pour cette œuvre va du noir au gris vert pour finir par éclater dans le bleu du ciel et dans toutes les teintes qui figurent notre environnement ; tout simplement la vie.

J’aime cette façon de laisser à chacun le choix de se définir et de prendre conscience que cette nature que l’on oublie trop souvent de respecter mérite l’arrêt sur image de cette estampe. Liberté et respect de l’autre, l’artiste nous conduit dans un voyage ou la vraie dimension reste humaine.

Nous devons apprendre à utiliser les choses et à aimer les gens plutôt que d’aimer les choses et utiliser les gens. C’est la bénéfique et vitale secousse que me procure ce Coup de foudre.


Au jour le jour

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Texte de Pascal Corminboeuf, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Une miniature symbolique de notre ville qui lui donne un air d’Ascension, alors qu’elle semble larguer ses habitants dans un espace intersidéral,

Des racines urbaines qui se transforment en êtres humains étonnamment pas tous malheureux et pas spécialement traumatisés par cet Ite missa est vers un enfer incertain,

De fiers clochers d’antan pour crier vers le ciel un désarroi devant la décadence de notre société occidentale bientôt incapable de construire ou de laisser construire un lieu de recueillement ou une chapelle,

Une sérénité de surface pour cacher sous la glèbe et sous les caveaux des neurones qui s’échapperaient d’un grand cerveau que posséderait la ville,

Autant d’interprétations qui me viennent en regardant cette lithographie de Jean-Pierre Humbert.

Je peux la faire tourner dans tous les sens, elle me parle et m’oblige à sortir de moi pour lui parler à mon tour, au jour le jour…

A 90° c’est encore plus déstabilisant, la séparation entre le visible rassurant et l’inconscient troublant est encore plus frappante.

A 180° c’est une espèce d’Australie qui plonge ses clochers dans l’Océan pacifique pour proposer des racines à ces humains en recherche d’eux-mêmes.

Rejoindre Icare en grappes humaines pour fuir un présent trop lourd et un plancher des hommes trop pesant satisfait le besoin vital de rêver ensemble. Le paradoxe veut qu’ici l’inaccessible étoile et son corollaire le ciel se situent en bas !

Un petit voyage dans les titres des œuvres de Jean-Pierre Humbert ressemble à un catalogue à la Prévert d’où l’on extrairait de quoi inventer un nouveau langage que l’on appellerait aussi Esperanto.

Passé décomposé

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Texte de Ralf Ludwig, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Sur un fond bleu, sombre, menaçant, la lithographie Passé décomposé de Jean-Pierre Humbert nous montre une vieille ville de Fribourg qui se désagrège. Un élément est suspendu dans l’air, d’autres flottent, descendent, les plus petites pièces tombent brutalement dans le vide. Pour l’observateur les mouvements ne sont pas uniformes, ni dans le sens de la direction, ni dans le sens de la vitesse de déplacement. La gravitation semble inexistante, témoignant d’une illusion.

Pour ne pas les perdre, le spectateur est tenté de retenir ces blocs de molasse qui se détachent, de conserver ces traces du passé de cette partie de la ville qui se métamorphose. À nos yeux, dans notre imaginaire, elle semble bien différente de la réalité. Ce passé dépassé, cette mémoire décomposée, ces années réduites à des minutes, des secondes induisent le luxe de ne pas nous confronter au passé. Mais, remontant du fond, surgissent des fragments qui se recomposent au moment ou l’on s’y attend le moins.

Lors d’une exposition à l’hôtel Duc Berthold voici 36 ans, c’est à Jean-Pierre que j’ai acheté ma première œuvre d’art. Je vois encore l’image sur le mur, l’endroit précis où nous nous sommes rencontrés. Les autres tableaux de l’exposition, tout comme les visiteurs, disparaissent dans la pénombre, tous effacés par les années.

Restructuration

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Texte de Zeljko Djurovic, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

La gravure exige maîtrise technique, conscience du procédé et du but. En conséquence, elle demande beaucoup d’habileté et de connaissances. Régie par des lois rigoureuses, élaborées pendant des siècles, contrôlées et perfectionnées, elle libère l’artiste-graveur des questions du lien entre passé et présent. Elle est et a surtout été pratiquée par des hommes d’un grand savoir-faire, habiles de leurs mains, très patients et précis dans le travail.

Une gravure est toujours un dialogue avec le passé, avec l’antique secret de la première empreinte. A l’aurore du genre humain, quand le chasseur préhistorique, prophète et artiste, retira sa main sombre, noircie de suie, du mur de la grotte, il a vu noir sur blanc, le mystère de la gravure. C’est la même émotion qu’éprouve l’artiste-graveur contemporain quand il lève sa feuille de la plaque gravée. Rien n’a changé, la métaphysique de la blancheur, le miracle de l’empreinte, exercent la même fascination. Culte et fétichisme des matières et de leur usage, particularité du procédé ne sont nulle part présents comme dans la gravure. En regardant l’œuvre de Jean-Pierre intitulée Restructuration on ne peut pas faire autrement que de se rappeler toutes ces spécificités de la gravure comme méthode* de création.

Irréprochablement réalisée et imprimée, claire dans ses idées, sa gravure tisse un lien entre le passé et le présent et elle anticipe le futur (pas très rose). Elle éveille chez l’observateur un sentiment nostalgique avec une projection rebutante du futur. Visuellement attractive, elle oblige l’œil du spectateur au changement perpétuel de distance focale, circulant de l’éloignement kilométrique aux micro-détails du premier plan. La correspondance entre le passé et le futur est établie de manière verticale, ce qui semble logique si l’on considère que l’artiste vit dans d’une ville à l’histoire profonde et en mutation rapide vers la modernité. Vous ne pouvez pas regarder cette estampe sans vous interroger: d’où venons-nous, qui sommes-nous et où allons-nous ?

Du simple fait qu’il a contribué à faire connaître mon travail sur la scène artistique européenne, je ne peux pas écrire sur l’art de Jean-Pierre Humbert comme un observateur froid et indépendant ( de toutes façons il y a toujours une part de subjectivité dans l’art ). Il faut dire que notre collaboration professionnelle s’est depuis mutée en amitié.

* Méthode: Recherche, voies et moyens de rechercher. Procédé réfléchi et planifié du travail dans le but de trouver la vérité et la lumière.

Pleine lune

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Texte d'Emile Aebischer (Yoki), paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Reconnu comme un graveur connaissant toutes les finesses d’un métier éprouvé, Jean-Pierre Humbert a su rendre ici la poésie intime d’un lieu familier en une lithographie dont la granulométrie est d’une finesse inhabituelle. Une partie de son paysage préalpin, aisément reconnaissable, va se fondre dans une lumière de type lunaire. « Tenté par le surréalisme ? », lâchez-vous à son auteur. Il vous répondra ne pas se reconnaître sous cette étiquette. Il a cependant l’art de faire cœxister les contraires en l’unité d’une composition par la hardiesse lumineuse de son faire.

Les 3 arbres

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Texte de Pierre Savary, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Les jeunes quartiers sont incroyables. Ils travaillent jusqu’à point d’heure et sont bien capables, après ça, de boire du gin fizz toute la nuit. Ils ont des boîtes pour. Des boîtes à travailler, des boîtes à s’amuser. Les unes à côté des autres. Quand une boîte à travailler doit fermer pour cause de diablerie économique, elle est transformée en boîte à s’amuser. Et les ouvriers d’avant grattent leurs poches pour les verres d’après, qui pétillent sans conviction sur l’établi repeint en gothic metal. Le didjé anthracite fait le clown, il s’est mis un nez vert.

Les jeunes quartiers sont impitoyables. Ils jouent des coudes, ils s’administrent l’espace. Ils avancent à grands coups de pelle, le menton en avant, nuque d’acier et hanches de béton. Devant l’offensive, les aînés, les vieux quartiers, cotonnent de tous leurs membres. Ils se tiennent par la manche, ils retirent leurs pattes et rentrent leurs antennes. Ils se resserrent, se contractent, se recroquevillent. Ils respirent à petite haleine le peu d’air que leur laissent les narines conquérantes. Ils se voient repoussés là où les bâtisseurs perdent leurs idées, sur les talus à moutons et les anciens ruclons.

Et la vague enfle encore, et les plus vieux des vieux quartiers se retrouvent à fleur de vide, âpre cortège médiéval où les maisons font la queue devant le gouffre, devant l’oubli.

Une crevasse apparaît sur la falaise. Le pan de mémoire craque comme un glacier au dégel.

A un jet de bouteille à encre, là où les racines du monde plongent dans la terre souple et profonde, trois chênes maigres se fabriquent leur propre destin. Les deux premiers, comme les filaments d’une ampoule, posent un point d’interrogation : suffit-il de lever les bras pour décrocher la lune ? Le troisième fait le clown, il s’est mis des feuilles.

L'appel du large

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Texte de Jacques Barberis, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Une fois encore, Jean-Pierre Humbert et Fribourg. Les comptes, qui font les bons amis, ne sont pas encore rendus ! Les rapports restent tendus, et l’on pense malgré soi à Chessex, cet « étranger » protestant qui, occupé à en découdre avec elle, fait tout de même de cette vieille ville un lieu de passions et de drames. Rien de tel chez Jean-Pierre Humbert, pourtant rejeton de ces murs, sous la patte duquel Fribourg est le souvent désincarnée, minéralisée, vidée et statique.

Ici, une fois de plus, la « basse » devient la « haute », mais ce n’est que pour mieux être excisée, tissu mort, du vivant organisme urbain. En point culminant, la cathédrale, mère des Institutions, tient fièrement son rôle nouveau de mât ou de tour de contrôle. Seul rescapé de la modernité, un hôtel cubique et sans toit peine à la concurrencer. Mais l’ensemble est instable, plus bateau ivre que paquebot, sans passagers ni équipage.

A la poupe ou à la proue, passerelle inutile, l’un de ces ponts qui ont fait la gloire de la cité résiste, appendice incongru. S’il s’écroule, rupture d’anévrisme, c’est l’asphyxie et l’adieu aux derniers espoirs d’accostage. Or aucun port n’est en vue !

Seule la mer semble vivante, houleuse, démontée même, et écumante : contraste frappant entre un monde minéral et fier, prêt à défier des siècles encore, et un élément capricieux et polymorphe. Le paquebot a déjà perdu la partie cependant, il ne tiendra plus longtemps, chargé d’un poids trop lourd et mal réparti. Il semble d’ailleurs déjà s’être échoué sur le fond, monolithe livré à l’érosion des vagues.

Qui donc a lancé l’ordre de larguer les amarres, scellant ainsi le sort de l’embarcation ? L’inconscient se trouve-t-il sur le pont, ou est-il resté à quai ?

Son regard extérieur ( détaché ? ) jeté sur le paquebot trahit l’auteur : les deux pieds sur la terre ferme, il a choisi le « bon côté » et il assiste, comme le spectateur, au départ des vestiges d’un monde condamné à disparaître, pittoresque mais anémié, réduit à un simple décor. Et avec lui, le naufrage inévitable d’un ordre archaïque, pourtant bien établi encore, et l’anéantissement d’un pont, dernier cordon ombilical, qui de toute façon perdrait dans peu de temps sa raison d’être, remplacé par une autre œuvre projetée dans le monde des vivants.

Alors, Humbert l’anarchiste veut-il vraiment larguer Fribourg ?

Que sont les femmes devenues?

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Texte de Cécile Bertschy, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Une fermeture Eclair jaune ouverte, un homme seul face au vide… la femme est absente. Cette œuvre évoque pour moi la liberté et la solitude. Une passerelle donne à penser que la femme peut se trouver dans l’une ou l’autre maison. Dans cet univers, les êtres et le monde se séparent et se lient simultanément. L’atmosphère en demi-teinte est mystérieuse. D’où je suis, je me laisse aller à méditer sur la couleur des rochers et sur l’effet miroir des maisons. Il me vient un besoin d’évasion, l’envie de découvrir un nouveau monde.

Cet homme de dos, est-il sans expression, sans sentiment ?  La construction du dessin est géométrique, mais pourtant, l’ensemble paraît mouvant. Rien n’est figé,  tout bouge au rythme que mettent les sillons des rides à lentement se creuser. Il en résulte un rapport insolite au temps qui se contorsionne, qui s’ouvre, se distend et qui laisse entrevoir les vides immenses qu’il nous dissimulait. Le personnage sur cette passerelle se cache et s’exhibe tout en même temps. Il est là sur ce qui pourrait être un pont… et si tout n’était qu’illusion, parenthèse au milieu de l’éternité ?

Cette œuvre, enveloppée dans un épais silence éloquent, m’emplit d’émotion et m’interroge. Peut-on être heureux et épanoui sans conjoint, sans enfant, sans famille? Cet être, seul sur ce pont, suspendu en équilibre au-dessus du vide, me fait irrésistiblement ressentir la fragilité de notre passage terrestre. Bien que cette estampe nous donne une représentation extrêment ironique du couple, elle laisse heureusement et paradoxalement beaucoup d’espace à l’espoir.
Parmi beaucoup d’autres, cette œuvre met en relief l’érudition du travail de Jean-Pierre Humbert. Son inspiration et ses aspirations en font, je crois, un artiste majeur.

Jean-Pierre est mon frère et j’apprécie depuis de nombreuses années de voir son talent irrésistiblement émerger à travers une vie responsable, honnête et fidèle. Des qualités qui font de lui une personnalité complète.
Il est un artiste et un poète qui écrit, parle et chante en peignant !


Evasion

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Texte d'Alain Bosson, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Je n’ai pas toujours aimé Fribourg. Quand on est un enfant, on est comme les oiseaux et les fourmis, on ne vient de nulle part, on se trouve bien où l’on est, sans se poser trop de questions. Les souvenirs et les couleurs de mon enfance, c’est le ciel bleu du Tessin, les murs bariolés d’Ascona, la place de jeu du Monte Verità, et l’institutrice qui m’a donné le goût des livres. Je suis arrivé à Fribourg à l’âge de dix ans, au mois de novembre, un triste mois de novembre. J’avais une tante qui habitait, à cette époque, à la Planche-Supérieure, côté Sarine. Personnage haut en couleurs, elle contrastait avec l’apparente monotonie de la Basse-Ville à ce moment de l’année. Son appartement était très humide et vieillot : on avait l’impression d’entrer dans la taverne d’une sorcière. Elle avait bourlingué, et j’adorais écouter ses récits de voyages, remplis d’humour et d’indépendance d’esprit. Je l’ai rapidement identifiée à tout ce coin du vieux Fribourg.

Lorsque j’ai commencé à découvrir, aux cours de dessin à St-Michel, des œuvres « fribourgeoises » de Jean-Pierre Humbert, j’ai eu le sentiment curieux de retrouver d’un coup mes toutes premières impressions de Fribourg, images transformées jusqu’à l’oubli par une familiarité nouvelle avec les lieux. L’apparente austérité et le calme de surface des compositions de l’artiste, l’équilibre improbable des lieux et des espaces représentés, l’insertion d’éléments hétérogènes qui créent une atmosphère de unheimlich – l’inquiétante étrangeté chère à Freud, sont autant de traits constitutifs de la poétique de Jean-Pierre Humbert lorsqu’il nous propose un Fribourg onirique.

Mais pour rêver une ville, encore faut-il la connaître, et Fribourg n’est pas une ville qui se laisse comprendre facilement. Léon Savary l’a bien senti, lorsqu’il écrit en 1929, « Une cité de rêve… Mais à tous elle ne livre pas son secret ». Sur le plan littéraire, il appartiendra surtout à des écrivains du dehors (Savary, Cingria, Chessex) de nous laisser entrevoir une partie de l’âme profonde de Fribourg. De doctes savants ont consacré leur vie à étudier l’ancienne cité des Zähringen sous toutes ses coutures : les Alexandre Daguet, Pierre de Zurich, Marcel Strub et toutes celles et ceux qui les ont suivis ont contribué à nous donner une connaissance approfondie de la ville, une connaissance claire et intelligible pour l’esprit. Les artistes, eux, nous donnent un accès plus immédiat, plus profond, plus essentiel : ce n’est pas notre intellect cartésien qui est touché, mais notre cœur, nos sentiments, notre univers émotionnel.

Le Fribourg onirique de Jean-Pierre Humbert touche au plus près l’âme profonde de la ville, mais sans passéisme. Au contraire, le dialogue est constant entre le Fribourg qui est et celui qu’il pourrait être. Les lectures multiples, parallèles, toutes celles que l’artiste a rendues possibles et toutes celles qu’il a seulement soupçonnées, éclairent tour à tour les facettes d’une œuvre extraordinairement complexe. Dans Evasion (1987), l’intrusion de la modernité amène, tout à la fois, un sentiment d’écrasement et une ouverture, improbable mais possible vers un ailleurs. La richesse sémantique de l’œuvre n’exclut pas une certaine ambivalence, et, comme dans certains rêves que nous faisons, mais à l’inverse de notre vie consciente, certains éléments étranges nous paraissent, sur le moment, tout à fait familiers et cohérents.

Je ne peux pas croire que Jean-Pierre Humbert fête aujourd’hui ses 60 ans. Jean-Pierre Humbert doit avoir au moins 5 ou 600 ans, au bas mot, pour connaître si intimement le caractère et l’âme de Fribourg.

La dernière séance

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Texte d'Hubertus Von Gemmingen, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Rien n’indique que nous sommes au centre d’une ville, sur une place dite grande. De toute évidence, il s’agit d’un parking ressemblant à un jeu de marelle pour bagnoles. Mais les joueurs manquent. Peut-être parce que c’est dimanche. L’invitation à une séance – l’ultime ? – ne déplace pas les foules. Les pigeons sont entre eux. Calme, luxe et volupté pour l’avifaune, même si les toits qui lui restent en ville diminuent d’année en année. Ni spéculateurs ni architectes n’ont d’égard pour ceux qui souillent tout support. La pitié, c’est l’affaire des petites vieilles qui vident en cachette un sac de grains, faisant croire que c’est un cadeau du ciel. Le dimanche, il n’y a pas de cadeau, les dames sont à l’église.
Vu du pigeonnier dont l’ouverture en losange symbolise la vie, la toiture de la bâtisse ressemble à une réserve préalpine. Contrastant avec la crête douce du premier plan, le paysage escarpé des combles témoigne d’extensions diverses et d’un développement dont la précarité est inversement proportionnelle aux prétentions des propriétaires. Le seul élément durable étant l’intérimaire, le provisoire s’installe sur un site perdu entre cité médiévale et quartier à boulevard.

Maison de tir, halle de gymnastique, place du cirque à l’ombre d’une tour balourde : les alentours sont douteux. Au manque de sérieux correspond le désir de divertissement, une recherche de plaisirs d’abord louche, ensuite honnête, d’abord bourgeoise, ensuite alternative. Cinoche, club et bar, boutique pour meubles, livres, disques et vidéos, la bicoque attire un public de plus en plus volatile.

Or, avant le crépuscule d’une culture filant à l’anglaise, si ce n’est à l’américaine, il y a la chasse au profit. Le tissu urbain souffre de la passion du lucre. Contre toute attente, la spéculation aveugle crée un îlot vert. Les oiseaux survolant ce carré de nature sauvage au milieu de l’asphalte sont les seuls à jouir d’une vue d’ensemble ; pour les humains, la dernière séance est l’unique perspective.

A marée basse

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Texte de Bernard Waeber, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

C’est le meilleur moment de la journée pour découvrir des trésors !

Aujourd’hui l’artiste a ramené dans ses filets une ville imaginaire, avec des maisons solides, arrimées au rocher, ouvertes vers l’extérieur par de multiples fenêtres et balcons. Des maisons aussi qui se disloquent pour envahir l’espace, cherchant soutien sur les nuages. Un peu plus loin la cathédrale des temps modernes, un grand miroir qui ne réfléchit rien, juste capable de couper le ciel en deux. Nul doute, nous sommes dans la tête de l’artiste, et nous y reconnaissons les contrastes que nous aimons, les contrastes qui jalonnent aussi notre propre perception des endroits où nous vivons. Mais cette ville, est-elle vraiment imaginaire ? Difficile de ne pas voir Fribourg, son escarpement, ses vieux murs et sa verdeur puisée dans l’eau. Est-ce le Fribourg du futur, celui que nous connaîtrons après le réchauffement de la planète ? J’ai l’impression que l’artiste le sait. Il a ressenti le besoin de scinder son monde en deux, avec des ciels de couleur différente. Nul doute qu’il a choisi de vivre sur l’îlot. Un arbre suffit pour s’appuyer et contempler l’univers, et le rebâtir à sa façon. L’artiste a cependant pris garde à ne pas couper les ponts avec ses semblables. Il partage avec eux ses rêves et ses nuages, ce bout de terrain et de réalité qui sont les siens et qu’il tente de faire passer d’un côté à l’autre de la déchirure. Sûr qu’il va y parvenir, tant est grande la force de son coup de pinceau.  A marée basse . Une manière aussi de nous rappeler que le monde renaît chaque jour et que nous, ses humbles citoyens, vivons au gré des vagues, bien souvent sans nous en rendre compte.

A quand  La marée haute, que nous sachions mieux ce qui nous attend ?

La pause

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Texte d'Albert Noth, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Etrange image. Un coin de la ville de Fribourg bien connu. Mais qu’a bien voulu nous dire l’artiste en faisant apparaître au premier plan un énorme fossé rempli d’eau ? Comme la scène que nous découvrons se trouve devant la direction des finances cantonales, il faut croire que Jean-Pierre Humbert a eu en tête les déficits de l’Etat. En plus, le ciel orageux ne laisse pas entrevoir une amélioration de la situation, bien au contraire. Si tel était le cas, sa vision aurait été fausse. Les comptes de l’Etat affichent, aujourd’hui, une fortune nette non négligeable et une image allégorique nécessiterait l’ajout d’une montagne ou du moins d’un mamelon, symbolisant les coffres qui enflent en sous-sol.

Mais il pourrait également s’agir de l’impression d’un étudiant qui, sortant de Miséricorde après avoir appris qu’il a échoué aux examens, est confronté, dans sa détresse, à une immense déchirure.

Malgré tout, il y a de l’espoir. Les cigognes sont bien présentes. Elles couvent et nous rappellent que la vie continue…

Entre...

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Texte de Philippe Virdis, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Entre-temps, l’âge de la pierre cède, l’espace d’une technologie, la place au béton mais entre-temps, la Sarine grande et généreuse dame, s’en moqua, poursuivant imperturbable et fiable sa mission d’allaitement énergétique de la cité.
Entre pierres et rocher, une soi-disant esthétique architecturale du goût des temps modernes s’est élancée d’un geste d’autant plus beau qu’il pourrait sembler inutile…

Que non puisque rien ne dit qu’il ne soit possible que l’on y entre.

Entre Jean et… Humbert ; je découvre Pierre ; n’y habiterait-t-il pas ? Pourquoi pas, lui qui se plait tant à désarchitecturer la réalité de sa ville, à virtualiser la réalité ; dis-nous Jean-Pierre, n’est-ce vraiment que ton pinceau qui soit si virtuel ou n’est-ce pas ton obsession, une sorte de rêve de toujours accélérer le temps ou au contraire de reculer le présent ?

Entre l’artiste et son public devrait-on imaginer un tel mur, opaque, étanche, que je ressens tel un blockhaus hermétique à tout dialogue, à tout vernissage ou exposition, une sorte d’anti-galerie ?

Entre Chatédrale et La mouche, entre Partagé, ta première gravure, et Un illuminé mis en lumière plus tard, entre 40 ans de créativité artistique et de partage avec le public, pas sûr que ton œuvre entre en totalité dans ce volume.

Entre donc ton œuvre dans les coffrets de la Bibliothèque cantonale universitaire afin qu’elle y vive longtemps, préservée des altérations, observée par les futures générations et qu’elle reflète pour tout le futur, les visions du passé exprimées au temps présent.

Entre nous subsistera toujours, outre l’amitié datant de notre enfance, le respect que j’éprouve envers l’artiste qui a réussi de son vivant déjà à se faire connaître et obtenu que son œuvre soit reconnue.

Crépuscule

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Texte de Martine Silvestre, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Le crépuscule sur les épaules,
Nous cheminerons dans cette forêt de signes,
Nous oublierons les tables de formules,
Les preuves ininventives,
Les classeurs savants,
Les appareils à mensonges,
Les idées triées, empilées, répertoriées,
Nous avancerons dans cette échancrure du temps
Où les arbres offrent au ciel des marbres
Arrachés au ventre de la terre
Et parent leurs branches de feuillages effervescents.

Débarrassés de nos certitudes,
Nous sortirons des territoires balisés,
Nous palperons l’impalpable,
Nous saisirons l’insaisissable,
Nous écouterons les paroles des arbres
Et deviserons avec la pierre.
Nous nous abandonnerons à l’opaque forêt,
Enfiévrés de voluptés et d’angoisses.

De cette secrète échappée dans cet herbier royal
Nous sortirons métamorphosés.
Dans cette haute antichambre de l’aurore,
Nous aurons frôlé les ultimes secrets,
Nous aurons goûté aux rêves de rêves impossibles,
Et nous rapporterons de l’autre côté des terres dévastées.
L’or de ce crépuscule.

Entre deux mondes

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Texte de P.-Alain Pzest, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Là. C’est le grand vide qui s’ouvre.

Il est plein le vide, plein de rien en train de sourdre, par tous les trous du vide. Et même plus. On l’a à l’œil, le vide. Et haut. On le voit qui s’écartèle. Il s’écartèle tellement le vide qu’on en louche. On louche, saoul d’écart, de grand écart. Les paupières s’écartent tout grand, tout grand écart. En encart, dans la béance du vide, il y a le rien qui pousse, qui suce. Qui submerge, mouille les pieds du cube, les prés carrés. Et s’il s’y trouvait, cet écart entre les formes et l’éphémère ? Des mers d’efforts soutiennent des rues d’épures éparses. Arboricoles borborygmes. A l’envers du décor le spectateur appelle à cour, à tribord, quelque aide, à tort. Tortueuses hypothèses. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Cubes alignés, Cuba Libre, cubitus qui balancent. C’est l’organisation du vide. Elle prend l’eau. Elle prend le temps d’éponger les errances de sa propre béance. Car enfin, elle est déterminée.

Et si le vide ne voulait juste rien ? Même pas dire. Peut-être la porte n’existe-t-elle que par son encadrement. Et le vide, par l’écart qu’il y a entre de part et d’autre. L’autre, Icare, et son comparse, Judas Iscariote, lorgnaient-ils tous deux vers le comblement du vide ? Mais le vide voit qui veut boire le vide, qui en est avide. L’avion – d’avis, l’oiseau – l’Icare tourne à vide et s’évide, s’étale et part. On a percuté le mur du rien, celui qui s’ouvre à chaque destin. Baiser tragique. Il y a l’irréductibilité du plein, bien sûr, mais le silence est la plus chaude des musiques.

Et si le vide, simplement, existait ?


L'allée du progrès

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Texte de Nicola Beaupain-Dubbeldeman, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Il était une fois, il n’y a pas si longtemps, un vieux grand-père, très très grand. Il avait un petit-fils qui était la prunelle de ses yeux. Cet enfant était doté de talents extraordinaires. Il savait nettoyer la terre, manier le marteau piqueur et sutout il comprenait tout ce que lui disait son grand-père.

Entre eux c’était simple, ils étaient maître et disciple, à tour de rôle.

Un beau jour, Ils partirent visiter une petite forêt que le grand-père avait repérée. Il faut dire que cet homme grand, avait reçu, lui aussi, bien des talents, qu’il avait eu soin de peaufiner. Son don à lui, était celui de voir. Il avait des yeux pour voir. Pour voir ce qui est et ce qui pourrait être.

Nos deux hommes donc, l’un adulte, l’autre portant encore des langes, sages tous deux, cheminaient main dans la main lorsque, soudain, de concert ils virent  l’incroyable… deux arbres magnifiques, animés d’une puissante énergie novatrice, portant à bout de branches et faisant partie d’eux des panneaux capteurs et distributeurs d’énergie de vie. Des arbres nouveaux, éclairant la nuit noire, capables de transformer la décrépitude en vie nouvelle… L’espoir pour le futur naquit dans le cœur du vieil homme. Il dit :
-    Tu vois mon petit, ici commence l’allée du progrès.
-    Eh, grand-père, dit le petit en levant la tête vers son grand ami,
    on dirait que tout va changer, hein ? Pour nous aider?
-    Oui bonhomme, c’est exactement ça.
-    Tu vois, l’aide vient toujours de là d’où on ne l’attend pas .
-    À nous de continuer ; il faudra défricher le chemin.
-    Ils se sont fait pousser des ailes pour nous.
-    Rentrons, dit le grand-père.

Revenus à la maison, ils dirent d’une seule voix à mère-grand : « On a vu les ailes du progrès ! » Et le petit d’ajouter : « les arbres nous aiment ». Mère-grand, très sage, conclut : « l’amour est grand ». Allez !

Mondialisation

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Texte de Beat Kappeler, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

L’image séduit – la mondialisation est présentée comme un développement vital, dominant, naturel et équilibré. Après cette première impression, un doute s’installe. Qui ose présenter la mondialisation d’une manière si positive, quand les milieux autres que les économistes l’accusent, surtout les milieux de la culture ? L’artiste a-t-il une double pensée ? Le reflet, l’ombre légère au fond de l’image pourrait le prouver, tout comme les arbres assez sombres et au feuillage incertain. Montrent-ils l’éclosion des feuilles au printemps ou leur séchage d’automne ?

Mais l’artiste cherche l’expression, le message. S’il était opposé à la mondialisation, il forcerait le trait, il n’en resterait pas au message filtré des formes prises dans la nature, il montrerait les déchets de la civilisation mondialisée. L’observateur peut conclure au consentement de l’artiste : les arbres poussent, même fortement, ils sont arrangés d’une manière assez harmonieuse et ne présentent aucun trait de décadence, ils ne subissent rien. Au contraire, ils créent l’espace-monde. Ils instaurent la multitude, la diversité, mais tous ces arbres divers sont ancrés sur le globe – « one world ».

L’économiste est ravi, il trouve une âme sœur qui s’élève au-dessus du débat politicien et de courte vue. Car la mondialisation est la normalité, initiée il y a des millénaires déjà par les commerçants et par l’émulation culturelle des peuples et de leurs régents. L’historien Fernand Braudel l’a bien démontré. La non-mondialisation des nationalismes, des murs douaniers, l’absence de libre passage des personnes ne durait que trente ans, de 1914 à 1945.

J’aime donc ce tableau, sa fraîcheur matinale. Nous ne sommes pas à la fin d’une époque, mais à un nouveau début. Comme toujours, quand une nouvelle étape se dévoile, on trébuche quelquefois. On commet des fautes. Mais il ne faut pas s’arrêter, il faut apprendre à cultiver. Le monde est une pépinière de projets, de solutions.

Crépuscule

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Texte d'Emile Stolic, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Il a suffi d’une fraction de seconde à Jean-Pierre Humbert pour baptiser son œuvre Crépuscule. Pour la réaliser, il a travaillé peut-être une heure, un jour, une semaine ou plus. Ceci, le spectateur ne peut que le supposer et ensuite, l’oublier. L’important, ce qu’il veut savoir, c’est ce que l’auteur a voulu transmettre au public.

En scrutant sa création de tous les côtés, de gauche à droite, du haut vers le bas ou vice-versa, l’amateur constate qu’elle est en noir et blanc avec une dominante grise, ce qui correspond au titre. A peine visible, une maison est dissimulée dans l’ombre entre les blocs de pierres. Les nombreuses ramifications sombres d’un vieux tronc courbé aux multiples racines couvrent le ciel ne laissant que le centre du tableau libre pour la dernière luminosité diffuse qui éclaire les reliefs massifs des roches avec sa force faiblissante. Seule la perspective des arbres et de la rivière est encore visible pour les inciter à regarder ce qui se cache au pied du vieil arbre. C’est là qu’émergent des visages aux yeux curieux. Ils regardent dans toutes directions comme s’ils recherchaient quelque chose. Ils observent sûrement, ou écoutent peut-être, la manifestation passagère du crépuscule ? Les deux jeunes, couchés, confirment que le temps se modifie. Pour le garçon, c’est le crépuscule du soir, il dort. Pour la fille, les yeux encore ouverts et les cheveux ondulés, plutôt hérissés, c’est la beauté diffuse du moment qui la fascine et qui l’étonne. A première vue, tout est statique et silencieux. Mais non ! Le maître intervient et nous montre où et comment chercher la réponse. Avec plusieurs lignes parallèles, entrecroisées et élancées, qui traversent rapidement le ciel, il symbolise le mouvement. Le paisible crépuscule change d’aspect, devient dynamique et vivant. Les arbres en perspective nous guident vers le soleil et nous enseignent que les changements, jour et nuit, noir et blanc, sommeil et éveil, sont éternels. La rivière éclairée serpente et nous rappelle que tout bouge.

Le crépuscule n’est pas triste. Il est cet instant fugitif qu’il faut observer, apprécier et admirer.

Valeur ajoutée

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Texte de Philippe de Bellet, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

L’arbre nourrit les rêves de l’homme en lui procurant le papier pour les écrire. Voyez comme il s’agrippe au sol désespérément ( en fait il court à toutes jambes dans le vain espoir d’échapper à son sort funeste ) ! Que lui reste-t-il de son intégrité, désormais tronqué de sa tête ? Les feuilles qui s’envolent à la manière de cormorans au grand large pour lâcher leur cri, sont-elles ici les messagères des visions humaines ou plutôt du SOS arboricole ?

L’arbre vivait jusque-là tranquillement, tour à tour s’ombrageant du soleil à la belle saison, tenant chorale dans le vent du soir et pointant ses branches raides et nues dans la froidure hivernale en attendant le printemps. Voilà qu’il n’a d’autre choix que de constater que pour lui une page s’est tournée et que ses rêves, eux, se sont envolés pour de bon. Que l’homme soit égoïste et prétentieux, l’arbre le savait. Que l’homme soit sot, il le savait aussi. Car l’homme a beau prétendre que « les paroles s’envolent et les écrits restent » ( un célèbre dicton chez les bipèdes ), c’est archifaux ! Ici les deux s’envolent…

Si l’arbre a besoin de feuilles – les siennes uniquement – pour s’abriter, à l’homme, il faut celles des autres pour écrire ( car il n’en a pas, abstraction faite de sa feuille d’impôt, et dans certaines situations, d’une feuille de vigne ). Le comble c’est que l’homme, qui ne pense jamais à la conséquence de ses actes, fabrique des feuilles avec du bois et donc abat des arbres, alors que l’arbre, soucieux de vivre en harmonie avec les éléments qui lui permettent de s’épanouir, ne fait qu’emprunter le souffle d’Eole pour chanter. L’arbre partage et ne détruit rien ; l’homme saccage les arbres pour certifier par écrit qu’il ne le fait pas.

Pourtant, malgré ces désolants constats, il faut bien avouer qu’il est fort agréable à l’homme de prendre la plume pour écrire quelques mots, voire plusieurs lignes, sur une feuille de papier, et encore plus, de recevoir une lettre d’un être cher. La lire à l’orée d’une forêt ( tant qu’il en reste ), assis au pied d’un arbre, est un plaisir qui pour lui n’a pas son pareil !

Photosynthèse

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Texte d'Albert Sieber, paru dans le livre "PAR DÉFAUT".

Cette œuvre simple et forte appelle l’espace et le temps.

Aussi, le texte peut apparaître superflu… sinon de vous replacer dans l’Univers en un lieu abstrait et à un instant fugace et parfaitement insaisissable.

L’alpha et l’omega sont infinis, sans commencement ni fin, ils contiennent cette infime partie de l’espace et ce bref instant de vie pour la joie du cœur et le plaisir de l’esprit, sans orgueil !

Oui l’humanité est issue de l’Univers et s’évanouira en lui !

Mais ce court instant est toute notre justification, notre grandeur et notre honneur.

Ce trombone écartelé, vie accessoire de tous nos bureaux, volontairement écarté de sa fonction modeste : assembler deux feuilles plaquées l’une sur l’autre ! Mais placé dans l’espace la tête vers le ciel et les pieds dans notre terre, c’est le renversement de l’ordinaire pour l’Impossible ! Au lieu de pincer notre liberté entre deux pages, il lui donne tout son sens : les jambes dans le sol supports du végétal, la tête caresse les nues et la profondeur de l’espace qui contraste si fort avec l’horizon, si souvent avec notre horizon… partie sombre du tableau.

Epinglés à notre terre, scotchés sur son sol, peut-être unique vaisseau de nos esprits, non pas quelque part dans l’Univers, mais là où nous sommes, où est notre destin et notre grandeur ! dans ce ciel sans fin.

Pas de temps dans cette œuvre, mais le temps sidéral, plus infini que celui de Kepler et d’Einstein…

Est-ce utile de peindre une époque, une durée dans une œuvre ? Pourquoi pas le temps infini ? Pourquoi pas l’espace infini dans toutes les directions ?

L’humilité est pour notre vie, « cette vie, expiration vulnérable dans le souffle du Temps ». ( Pensée de l’Inde du Sud ).

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